L'énigme du Pied-Griffé
Une carrière de sarcophages
Depuis Angles-sur-l'Anglin, un chemin agréable permet d'accéder au sommet des gorges creusées par la rivière. Au passage, on peut voir...
... un point d'eau bâti, au lieu-dit "Fontaine des Blatiers", où l'on accède par un escalier et...
... les restes d'un dolmen particulièrement massif.
On parvient ainsi non loin du Pied-Griffé, hameau paisible qui ne semble pas mériter son nom. C'est là qu'il faut redescendre vers l'Anglin et longer la rive. La randonnée ne présente pas de difficultés sauf au lieu-dit "Roc fondu", où tout un pan de la falaise s'est effondré jusqu'à l'Anglin. Il faut alors grimper sur les rochers éboulés ou se faufiler entre eux.
On découvre un peu plus loin au lieu-dit "Bois de l'Ecu",
la carrière mérovingienne de sarcophages, but de la randonnée.
L'endroit est frais, paisible, recueilli.
Cette carrière a été exploitée du Ve au VIIIe siècle. L'Anglin, tout proche, permettait de transporter les sarcophages au moyen d'embarcations.
La technique de fabrication des sarcophages consistait à découper des blocs allongés qui étaient ensuite évidés pour recevoir les corps. La section de ces sarcophages pouvait être un rectangle ou un losange. Une dalle de géométrie adéquate assurait la fermeture. Les clichés ci-dessus font clairement apparaître les empreintes des découpes.
Notre randonnée du lendemain nous a conduits à l'église de Saint-Pierre-de-Maillé près de laquelle nous avons pu admirer plusieurs sarcophages terminés.
Notons en particulier les différentes formes (rectangles, losanges) et les fines décorations de la dalle, sur le troisième cliché.
Et le pied griffé dans tout cela ?
Examinons bien la carrière... Quel est ce petit monstre qui nous guette, lové dans un coin ?
Il est clair que les carriers d'antan se sont essayés à la sculpture, domaine dans lequel ils excellaient moins que dans leur métier. Ils ont produit cette chimère au visage vaguement humain, mais surtout munie d'une patte qui se termine par des doigts... en forme de griffe ! Il est possible qu'ils aient vécu à l'emplacement actuel du hameau de Pied-Griffé, tout proche de leur carrière.
Le hasard fait décidément bien les choses. Ce petit mystère éclairci, il ne nous reste plus qu'à retourner à Angles-sur-l'Anglin pour nous y rafraîchir.